vendredi 25 novembre 2011

Fantastic girl: Natasha Henstridge

Après Clea DuVall, c'est au tour de la filmographie d'une des plus belles femmes au monde d'être passée au crible (en toute subjectivité, bien entendu... N'espérez pas que je dise quoi que ce soit de négatif sur la madame, je ne suis pas du genre à médire sur des femmes aussi zzzolies...). Je précise que seuls les films visionnés seront cités, j'ai horreur de ne serait-ce que citer ceux que je n'ai pas encore vus. Notre histoire commence le 15 août 1974, où de nombreuses fées se sont penchées sur le berceau d'une petite fille, dans une cabane au Canada... Heu, je ne sais pas si c'était une cabane, tout compte fait... Mais qu'importe, la divine enfant fait rapidement ses premiers pas et tout comme Clea DuVall, le désir d'indépendance se fait rapidement sentir. A 14 ans, bonjour Paris et le monde superficiel de la mode! Mais elle a vite fait le tour du métier (faut dire qu'elle n'a pas traîné à percer, avec un tel physique...) et aspire à de nouvelles choses. La passerelle top model vers cinéma étant couramment utilisée, la voici qui décroche le rôle de Sil, dans le très sympatoche La mutante du non moins sympatoche Roger Donaldson (des Yes-Men de cette envergure, j'en veux bien treize à la douzaine!!). Et là, c'est la claque pour des millions de mâles qui ne la connaissaient pas encore (dont votre serviteur)... Je résume la situation: Sil, cadeau des extra-terrestres et encore au stade de l'adolescence, s'est échappée de sa prison de verre, et prend le premier train qui passe. La contrôleuse est bien gentille mais elle aurait mieux fait de ne pas déranger la métamorphose de Sil vers l'âge adulte. Et c'est habillée d'un bien joli ensemble que cette dernière sortira à la gare terminale... Hophophop, retour en arrière, image au ralenti...

Natasha Henstridge dans La Mutante

"Mais qu'est-ce que c'est que cette bombe-atomique-blonde-qui-sort-du-train??"

Quelques grognements bien virils dans la salle, l'audience masculine est conquise. Par contre, du côté féminin, les plus teigneuses se lèveront d'un bond dès le début du générique de fin, entraînant le malheureux compagnon ou époux qui aura plutôt intérêt à la fermer dans la demi-heure qui suit. Quelques bonnes joueuses seront simplement estomaquées et lâcheront un dépité "Ohlàlà, elle m'a bourrée de complexes, cette bonne femme...". Natasha Henstridge's effect... Véridique!! Pour un début de carrière, ca dépote sec... Seulement, à la différence d'une Cameron Diaz très inspirée sur ses choix de carrière (ou alors, elle a un agent de la mort qui tue...), la belle Natasha a bien du mal à trier le bon grain de l'ivraie dans les scénarios qu'elle reçoit. Elle l'avoue elle-même, faire une sélection des meilleurs scripts, ce n'est pas son truc. C'est ainsi qu'elle est passée à côté d'Independance Day (pas bien grave, ma belle, pas bien grave...) et de Men in Black (Ah là, par contre... Pas génial mais très agréable à regarder... Rhaaaa, avec le costume noir et les lunettes, j'en bave rien que d'y penser... Allez hop, la serpillière...). Et c'est ainsi qu'elle se retrouve dans un Jean-Claude Van Damme, Risque Maximum. Pourtant réalisé par Ringo Lam, le film s'avère être une petite déception, où j'ai trouvé le temps un peu long à vrai dire... Ennuyeux pour un film d'action...

Risque Maximum affiche

Mais comparé au suivant, on peut quasiment le considérer comme un chef d'oeuvre! Un des plus mauvais films que j'ai jamais vus: Adrenalin. Dans un futur proche, Natasha incarne une flic dure-à-cuire, partenaire de Christophe Lambert, qui se compromet ici une fois de plus dans un navet pas possible. Le budget devait se résumer aux salaires des deux têtes d'affiche, car on a droit comme unique décor à une ville ravagée par une guerre (civile ou autre, je ne m'en souviens plus...). Cette guerre a engendré des mutants (pas des X-Men, plutôt une régression de l'être humain, un monstre qui grogne et qui tue... Enfin, ca ressemble plutôt à un mec peinturluré de graisse à frites) et il y en a justement un qui sème la panique. No problemo, nos deux super flics vont se faire une joie de le mettre hors d'état de nuire, dans une poursuite aussi haletante qu'une course de cuistax (les voitures à pédales sur la plage, pour les français...). Filmé avec les pieds, suspense inefficace, tout est à jeter. Excepté le fait que Natasha éclipse très rapidement un Cri-cri totalement transparent (qu'il est loin, le premier Highlander). Après une telle purge, elle enchaîne sur Standoff, un film qui aurait pu être bien car le concept était intéressant: deux policiers style SWAT se retrouvent bloqués dans une maison d'un petit village, où apparemment des illuminés de dieu ont commencé leur purge en tuant tous les impurs. Un des deux hommes est incarné par Dennis Haysbert et lorsque 2 femmes qui ont apparemment réussi à s'échapper de la secte vont se joindre à eux, il va commencer à péter les plombs, victime d'une paranoïa incontrôlable. Natasha joue ici tout en ambiguïté, mais malheureusement la menace extérieure n'est jamais présente (pas assez de tunes, à mon avis), et les acteurs deviennent au fur et à mesure vraiment horripilants. La frontière entre folie et cabotinage est toujours mince, et ici, ca ne fonctionne pas, tous simplement. Retour aux valeurs sûres avec La mutante II, réalisé par un Peter Medak plus ou moins inspiré. La belle extra-terrestre est de retour mais c'est pour cette fois combattre un mâle de sa race, réincarné dans un astronaute de retour sur Terre, Patrick. La désormais gentille Sil sert malheureusement de faire-valoir, pour une suite un tantinet plus gore que le premier.

Natasha Henstridge dans La Mutante II

Sil et Patrick... Une attirance animale...

On fait maintenant un petit détour par la télévision, avec le téléfilm Caracara ou Celle qui en savait trop in French. La Miss incarne ici une ornithologue dont l'appartement est réquisionné par le FBI comme poste d'observation. Mais l'agent du FBI se révèle être un assassin à la recherche d'une fenêtre bien placée et l'héroïne fera capoter son plan. Désormais sur la liste des témoins à abattre, la fuite semble être la seule solution. Très bonne petite surprise, ce film permet à l'actrice d'explorer un personnage plus fragile et de montrer qu'elle n'est pas seulement une belle plante. On est encore loin de l'oscar, bien entendu, mais le potentiel est là. Mais au lieu de persévérer dans cette voie, la voilà qui galvaude son talent dans une comédie romantique à l'eau de rose (pléonasme?): It Had to Be You. Deux personnes passent leur week-end à préparer leur mariage respectif et à force de se rencontrer dans les différentes boutiques, tombent amoureux l'une de l'autre. Mais comment cela va-t-il finir? Ohlàlàlàlàlàlàààààà, je m'en ronge les ongles du gros doigt de pied (Tel Sean Penn dans Comme un chien enragé. Berk, berk... Le geste, pas le film, hein!!). En 2000, retour aux grosses prod' avec Mon voisin le tueur, petite comédie tout à fait fréquentable, malheureusement plombée par Matthew Perry, qui fait son Chandler de Friends. Et comme j'ai horreur de cette série et de son humour qui ne me touche absolument pas, le film partait déjà mal. Mais Bruce Willis reste Bruce Willis, et il est suffisamment savoureux en tueur à gages à la retraite pour sauver le film. Cela dit, je ne comprends pas comment il peut laisser tomber Natasha pour Amanda Peet, ca restera une des plus grandes interrogations du 7ème art (Mais pourquoi Batman largue consécutivement Kim Basinger, Michelle Pfeiffer et Nicole Kidman? Hein? Je vous le demande...)

Natasha Tueur snap 1 Natasha Tueur snap 2

Et dire qu'il y en a qui restent pendu au téléphone, même avec une créature de rêve à leur côté... Tss tss tss

Vient ensuite une sucrerie avec le couple vedette Ben Affleck/Gwyneth Paltrow dans Un amour infini (Déjà, le titre, ca fait peur...). Remake à la sauce romantique du Destination Finale sorti la même année (mais qu'est-ce que je raconte, moi...), où le chéri de ses dames, en plein plan drague avec Natasha, échange son ticket d'avion avec un bon bougre qu'il a rencontré à l'aéroport, histoire de ne pas rater l'occasion d'envoyer la jolie blonde au septième ciel. Mais voilà, l'avion se crashe et la culpabilité ronge le pauvre Ben. Et c'est ainsi qu'il fera la connaissance de la veuve du monsieur. Je vous laisse imaginer la suite, c'est pas très dur... L'année 2000 est décidément bien chargée et on retrouve la belle dans A Better Way to Die, un sympathique film d'action, où le personnage principal est un flic qui décide d'arrêter ce métier de fou, afin de profiter de la vie avec sa déesse de petite amie. Mais voilà, ça ne se passe pas vraiment comme prévu, car cet ex-flic a une malchance hallucinante et se retrouve embarqué dans une histoire de meurtres et de conspirations, sans oublier de corruption, la totale! On pourrait presque en rire, de cette malchance, mais le film n'épargne personne.


Scott Wiper, réalisateur et acteur principal du film, donne ses instructions. Je comprends pourquoi il a voulu jouer dedans...

Les personnages sont plus intéressants que d'habitude pour ce genre de production, certains changent de bord en cours de route, d'autres restent des crapules finies. Le tout ponctué de fusillades filmées correctement, et de têtes connues qui viennent faire coucou de temps en temps (Joe Pantoliano à nouveau dans un rôle de barge dont il a le secret, et un Lou Diamond Phillips égal à lui-même). L'année suivante, on passe au monumental Ghosts of Mars (dont l'article gargantuesque est toujours à l'état de projet... Honte sur moi...) et au personnage de Melanie Ballard, femme flic autoritaire comme je les aime. Bizarrement, au cours de mes pérégrinations sur les forums, j'ai remarqué que sa prestation en a laissé froid plus d'un, alors qu'en ce qui me concerne, je pose un genou par terre. Même Big John a été agréablement surpris de ce qu'elle a apporté au personnage. Et si Big John le dit...

Natasha dans Ghosts of Mars

"Jason, t'en as une toute petite... Tu ne fais pas le poids, hors de ma vue!!"

Après un film de science-fiction, histoire de varier un petit peu, on passe à la comédie. Mauvaise pioche dans ce cas-ci car il s'agit du très crétin L'aventurier du grand Nord, où Skeet Ulrich, qui ne connait absolument rien de la vie sauvage en Alaska, décide de participer à la grande course de traîneaux en l'honneur de son grand-père décédé récemment. Evidemment, il se prend gamelle sur gamelle, choisit ses chiens dans un refuge pour animaux abandonnés et sera opposé à un "méchant" Leslie Nielsen digne d'un Walt Disney. Et qui va gagner la course, aidé par la belle Natasha (assez ravissante dans ce film...)? Après un suspense aussi éprouvant, rien de tel qu'une sous-bessonerie (déjà qu'une bessonerie tout court, ca vole pas haut, imaginez un instant ce qu'une sous-bessonerie peut donner...) signée Gérard Pirès pour décompresser: Riders, ou comment mixer sports extrêmes et cambriolages, pour attirer un max de djeûnes. Encore un rôle de flic pour l'ex-top model, je vais finir par m'engager dans la police ! Pour compliquer un peu son enquête, elle tombe amoureuse du leader du gang, Stephen Dorff. Toujours en 2002, elle s'essaye à la série télévisée avec She Spies, copie-parodie de la première adaptation de Charlie's Angels, alors que le second épisode était annoncé au cinéma. Produit purement mercantile, donc, j'ai tenu le temps de 2 épisodes (ce qui ne veut pas dire grand chose, j'ai pas dépassé le troisième pour Millenium).

She Spies

Très pratique pour courser les malfaiteurs, les hauts-talons...

Vient ensuite 2 petits téléfilms, Power and Beauty et Widow on the Hill. Le premier s'attarde sur la personnalité de Judith Campbell Exner, une des maîtresses du chaud lapin John F. Kennedy. Difficile de juger une histoire de fesses visiblement connue du public américain mais qui m'indiffère totalement. A noter que Natasha est ici brune pour les besoins de la ressemblance. Le second est nettement plus distrayant, où elle interprète une séductrice prête à tout pour attirer dans sa toile des vieux monsieurs riches et puissants. Le dindon de la farce sera James Brolin, visiblement ravi de pouvoir flirter avec une aussi belle femme, même si c'est pour de faux! Entre ces deux tournages, elle retrouve son personnage d'ex-femme de Jimmy La Tulipe, dans le navrant Mon voisin le tueur 2. Déjà que le premier ne vole pas très haut, le second s'est déjà écrasé après un petit quart d'heure. Avec en plus cette désagréable impression que les acteurs sont parfaitement conscients de jouer dans une daube. Mais bon, même si son personnage, enlevé dès le début du film, ne sert pratiquement à rien, Natasha est toujours aussi mimi:

Natasha dans Mon Voisin le Tueur 2

Ses dernières activités n'augurent rien de bon, principalement des participations à des séries qui ne dépassent pas la première saison, mais bon, on ne sait jamais... Quand au cinéma, ma foi, ca fait bien longtemps que je l'ai ne l'ai pas vue dans une salle obscure... Sur la pente descendante? Il y a des chances, car sa participation à Manipulation (le machin ultra-prévisible avec Ewan McGregor et Hugh Jackman) est pratiquement anecdotique, puisqu'il s'agit d'une des membres du Sex-Club dans lequel est entraîné le personnage principal. L'occasion de vérifier une plastique toujours aussi irréprochable, cela dit! C'est toujours le cas deux ans plus tard dans le téléfilm You Lucky Dog, où le temps ne semble pas avoir de prise sur elle (bon, en même temps, ça ne lui fait que 36 ans!). Elle change un peu de registre dans cette comédie familiale, où elle est vraiment drôle dans le décalage de la new-yorkaise qui rentre à la ferme paternelle après plusieurs années. Elle m'a même fait mourir de rire en essayant  de faire rentrer un troupeau de moutons! Il faut dire que c'est pas tous les jours qu'on voit une bombe atomique bêler et courir après de la laine sur pattes. Après ça, c'est mignon tout plein et j'ai même réussi à tenir jusqu'au bout facilement, malgré le fait que l'intrigue tourne autour d'un super chien qui sauve des enfants d'un incendie et qui participe au concours du meilleur chien de berger. Hé oui! ^^


Ça, pour un Lucky Dog, c'est un Lucky Dog!! Je n'aurais qu'une chose à dire: Wouf!!

Autre téléfilm tourné en 2010: The Devil's Teardrop diffusé sur TF1 sous le titre L'énigme de la peur. Titre français assez minable en passant, car il n'y a pas vraiment d'énigme et pas vraiment de peur (Bon, c'était peut-être le but de celui qui a écrit le scénario mais à la vision de la chose, c'est pas trop le cas). La larme du diable suffisait amplement, car cette fameuse larme est en fait une écriture particulière du point sur le i, et la marque distinctive d'une lettre analysée par le FBI qui provient d'un tueur fou. La FBI Working Girl, c'est évidemment Natasha, qui sera aidée par un expert en écriture. Les personnages principaux sont plus ou moins attachants, mais il est évidemment fort dommage que l'aspect soap soit plus réussi que l'enquête en elle-même, où il faut bien l'admettre, la tension est inexistante. En 2011, les choses s'aggravent avec The Perfect Student, où elle incarne une prof de droit (à noter que sa collègue est une MILF tout aussi à tomber, ça fait super crédible comme université... Bon, cela dit, c'est à Los Angeles, peut-être que là-bas...). Son élève favorite se fait arrêter et la voilà plongée dans une spirale infernale... de clichés. Le twist final est éventé juste après le générique de début, dans une scène très très maladroite! Pas grand chose à sauver, donc... Ahlàlà, pauvre Natasha... L'avenir n'est guère radieux...

Soundwave

mercredi 16 novembre 2011

I maestri dell'orrore: Lamberto Bava


Oui, bon, OK, Lamberto Bava n'est pas exactement ce qu'on pourrait appeler un maître de l'horreur italien, il y a quelques-uns de ses compatriotes qui le dépassent allégrement (c'est cool, ca me fait des idées pour de prochains dossiers...). Mais voilà, j'avais envie de commencer avec lui, il m'est très sympathique et puis je ne l'ai jamais rencontré mais en regardant ou en lisant des interviews du bonhomme, il me donne le sentiment d'être quelqu'un de très disponible, pétri de gentillesse et surtout profondément respectueux de l'oeuvre de son père, Mario Bava. Et même s'il ne se montre pas aussi inventif, sa carrière est tout à fait honorable (en tenant compte du déclin du cinéma d'horreur italien fin des années 80). Il n'enquille pas les chefs d'oeuvre, loin de là, mais il reste fidèle au genre et ne se montre pas trop maladroit à certaines occasions. Le dénigrer uniquement parce qu'il fait moins bien que son père me semble un peu facile, et c'est avec curiosité que je continuerais à tenter de compléter sa filmographie. Je n'ai évidemment pas vu tous ses films (croyez bien que je ne demanderais pas mieux, malheureusement, pour certains titres, ca relève carrément de l'exploit ou bien alors il faut avoir une veine de...), mais voici donc un petit aperçu de ses plus connus:

La Maison de la Terreur (La Casa con la scala nel buio) - 1983


La Maison de la Terreur - jaquette

Suggéré par le scénariste Dardano Sacchetti, Lamberto Bava débute réellement sa carrière cinématographique avec ce film. Son deuxième, en fait, le premier étant relativement passé inaperçu. Il signe ici un giallo très soigné et efficace (pour les gens normaux qui se sont perdus sur mon blog, il s'agit d'un thriller aux morts très graphiques, dont les victimes sont souvent des femmes. L'intrigue est généralement soignée, et la plupart du temps, bien malin qui arrivera à deviner derrière quel personnage du film se cache le tueur. Giallo signifie jaune, la couleur des romans de gare dont ils sont généralement inspirés). Bruno est un compositeur de musique de films et il travaille en ce moment sur le film d'horreur d'une réalisatrice. Pour l'aider dans son travail, cette dernière lui loue une grande villa, où la solitude est censée l'aider à composer LE thème horrifique. La première nuit, il tombe sur Katia, la mystérieuse mais ravissante voisine. Il n'a pas vraiment le temps de la connaître que celle-ci disparaît. Seul le spectateur la verra mourir dans d'horribles souffrances, perpétrées par un tueur inconnu. Le lendemain, même scénario, une amie de Katia vient à sa recherche et disparaît à son tour. Bruno devient de plus en plus convaincu que cette maison abrite un terrible secret, et la paranoïa le gagne rapidement, au grand dam de sa petite amie, qui revient justement de Naples...

La Maison de la Terreur - Snap

Je m'étais dit en louant ce film qu'il devait sûrement être intéressant, si Neo Publishing a décidé de l'ajouter à son catalogue. Et de fait, le film est une petite réussite. Rien d'original cependant, tous les codes du giallo sont respectés à la lettre, mais avec un certain talent. La mise en scène est très soignée, et malgré de nombreuses scènes de nuit, rien ne vient gâcher le plaisir des yeux. Les effets gore sont relativement rares, mais très réussis. La scène où la malheureuse jeune fille se fait empaler la main avec un couteau avant d'être asphyxiée par un sac en plastique est particulièrement violente et criante de réalisme! Le scénario tient la route, et comme d'habitude, trouvez le trauma et vous trouvez le tueur. On pourra simplement regretter le jeu de l'acteur principal, un peu lymphatique sur les bords. Heureusement, les dames compensent largement, tout le paradoxe d'un genre machiste par excellence! A noter la présence de Michele Soavi qui fera plaisir aux fans du réalisateur, et qui retrouvera Bava dans d'autres films plus tard. Et puis, impossible de ne pas mentionner la musique des frères De Angelis, très bien foutue une fois de plus (et bien utilisée dans la mise en scène, car le personnage principal étant un compositeur, la musique qu'il joue sur son synthétiseur se superpose intelligemment aux scènes de suspense se déroulant ailleurs au même moment). D'autant plus savoureux que, distraction de ma part, j'avais loupé leurs noms au générique du début et au fur et à mesure que le film avançait, je me disais tout le temps: "Mince, c'est de la musique brevetée par les De Angelis, ma parole!"... Et je ne me trompais pas, quelle oreille! ;-)

Verdict: 7/10


Apocalypse dans l'ocean rouge (Shark rosso nell'oceano) - 1984


Hé cool, un Shark Movies, on continue sur la bonne voie, dites donc!! Mouais, bof pas terrible, celui-là, hein... De plus amples détails vous attendent dans le dossier consacré aux requins du cinéma. Pas grand chose à ajouter, sinon que Lamberto s'est contenté de faire ce que les producteurs attendaient de lui. Il signe donc le film sous le nom de John Old Jr, en adaptant le pseudonyme de son père...

Démons (Dèmoni) - 1985


Demons - jaquette

Sur une histoire de Dardano Sacchetti, remaniée par Dario Argento, ici producteur, Lamberto Bava signe ici son meilleur film. Invités à la première d'un film d'horreur par un mystérieux personnage, de pauvres bougres vont bientôt servir de repas à une bande de démons se réincarnant dans d'innocentes victimes, grâce à un masque maléfique. Dès l'apparition du premier monstre, les portes du cinéma sont remplacées par des murs, et le huis-clos peut commencer. Ce dernier est d'ailleurs assez suffocant, et m'avait bien stressé lors de la première vision il y a une quinzaine d'années. Dommage que la tension baisse de temps en temps, principalement à cause d'un scénario convenant mieux à un moyen métrage. Pour le tirer vers le long, il a fallu rajouter des personnages à l'extérieur du cinéma, qui ne servent à rien et qui non seulement ralentissent le film mais brisent un peu le huis-clos qui fonctionnait si bien avant. Mais rien de bien grave au final, car le reste ne souffre d'aucun défaut majeur. Il faut surtout souligner les effets spéciaux signés Sergio Stivaletti, qui sont assez répugnants et très réussis. Son démon sortant du dos d'une jeune femme fait partie de mes scènes anthologiques...

Demons - Snap

Les transformations d'êtres humains en démons sont généreuses en matière dégoulinante, et le fait que les êtres humains mordus ou griffés par un démon en deviennent un à leur tour, à la manière d'un zombie, plonge la fin dans un délire apocalyptique inattendu. Bien entendu, le budget n'était pas suffisant pour aller jusqu'à la fin du monde, mais la dernière scène est lourde de sombres perspectives. A noter que Dario fait des économies en incluant au casting sa fille Fiore, demi-soeur d'Asia ainsi que son complice Michele Soavi, futur réalisateur de La Chiesa, Bloody Bird et de Dellamorte Dellamore, et qui interpréte ici le mystérieux homme en noir responsable de tout ce chaos. La famille, n'est-ce pas le plus important en Italie?


Verdict: 8/10


Démons 2 (Demoni 2) - 1986


Demons 2

La fin du premier épisode laissait supposer une suite où de rares survivants luttaient contre des démons revenus de l'autre monde afin de conquérir la Terre. Oui, mais voilà, c'est très coûteux, tout cela... Un petit huis-clos, c'est quand même plus économique. Alors, on ne s'embarrasse pas trop à faire une vraie suite, vite, vite un nouvel opus pour profiter du succès du premier! Et puis, juste pour dire "Mais non, regardez, c'est un autre film!", on fait sortir les démons non plus via un écran de cinéma, mais bien par la petite lucarne... Futé, n'est-ce pas? Mais bon, je dois dire que je ne vais pas faire la fine bouche, donnez moi des démons bien dégueux, ca suffit à mon bonheur. Surtout qu'on ne change pas une équipe qui gagne: Bava junior toujours derrière la caméra et devant, Bobby Rhodes qui interprète un autre personnage, vu que le sien mourrait dans le film précédent. On remplace Fiore Argento par Asia et papa Dario s'occupe à nouveau du tiroir-caisse. Sans oublier les talents de Sergio Stivaletti, sans qui Démons n'aurait pas le même cachet.

Demons 2 - snap

Je trouve qu'ils ont de la gueule, ces démons...

Hélas, si le début ressemble beaucoup au premier, excepté que l'action se déroule désormais dans un building à appartements, ca part plutôt en eau de boudin sur la fin. Une jeune fille organise une party dans son petit chez soi, et suite à l'invitation malencontreuse de son ex-petit ami, elle s'enferme dans sa chambre et regarde un film d'horreur qui passe à la télé en ce moment même (Je suis sûr et certain que n'importe quelle jeune femme normalement constituée regarderait un film d'horreur suite à un chagrin d'amour mais soit, passons...). Et voilà qu'un démon du film sort du petit poste et la transforme illico presto en démonne, qui ne manquera pas à son tour de contaminer les invités et le reste du building. Dont un petit gosse tout gentil, ca fait toujours plaisir... Et c'est là que le film dérape, en se transformant en duel à mort entre une jeune femme et un ridicule démon sorti du corps du gosse. Là d'un coup, on se croirait dans le Muppet Show... Attention, c'est génial, le Muppet Show (Mana-mana!!), mais quand on regarde un film s'intitulant Démons 2, on s'attend tout de même à autre chose et le suspense retombe d'un coup, là! Vraiment dommage, car s'il n'y avait pas eu ce couac inexplicable, on aurait pu avoir une suite plus qu'honorable.

A noter qu'à l'étranger existent d'autres films signés Lamberto Bava traduits Demons III et Demons 5, mais ces titres me semblent purement commerciaux, les originaux étant fort différents. J'espère les voir un jour...


Verdict: 6/10


Midnight Killer (Morirai a mezzanotte) - 1986


Midnight Killer - Jaquette

Un tout petit giallo pour Lamberto Bava... Ce qui explique peut-être le pseudo de John Old Jr à la réalisation... La jaquette française est d'ailleurs assez marrante, avec un fier "Lamberto Bava présente..." et puis "Un film de John Old Jr". Un rien mégalo, là... ou roublard s'il s'agit d'une idée des distributeurs, en sortant la cassette après le succès de Démons, peut-être... Quoi qu'il en soit, rien de vraiment honteux ici, même si la réalisation est un rien pépère. Avec toujours Dardano Sacchetti au scénario, le film raconte les mésaventures de Zorba le Grec... Mais non, voyons! D'un tueur en série, c'était pourtant évident! Et qu'est-ce qu'il fait, ce fameux serial killer? Il tue des femmes, pardi! Et qui va l'en empêcher? L'inspecteur de police... Ah non, désolé, il s'avère que le monsieur n'est même pas foutu de retrouver sa pipe... Alors on mise plutôt sur la psy de la police et sur ses élèves, qui seront petit à petit dans la ligne de mire de l'assassin. Et à nouveau, c'est un trauma du passé qui révélera son identité.

Midnight Killer - Snap 1 Midnight Killer - Snap 2

La plupart des scènes de suspense sont relativement tendues (plus que dans un slasher de base), jouant surtout sur la sale trogne du tueur et sur son aura mystérieuse. En effet, ce dernier avait déjà sévi par le passé, et était surnommé le Tueur de Minuit. Déclaré mort dans un incendie, on laisse planer le doute durant tout le film sur sa disparition dans les flammes. La révélation finale tombera malheureusement comme un cheveu dans la soupe. C'est d'autant plus comique, car 5 minutes avant la fin, un des étudiants exposera sa théorie sur l'identité du tueur, tellement conne que je souriais en moi-même. Et puis paf, il avait tout bon ce crétin! Mais voilà, à l'écran, ca n'est pas crédible pour un sou. Dommage, car ce petit film était tout à fait fréquentable...


Verdict: 5/10


Outretombe (Una notte al cimitero) - TV - 1987


Outretombe VHS

D'après imdb.com, nous avons ici affaire à un téléfilm. Ce qui ne me surprend guère pour les deux raisons habituelles: très peu de gore et surtout, mon dieu que c'est cheap! L'histoire en soi n'est guère originale: cinq adolescents prennent la fuite après avoir volé quelques broutilles dans un petit magasin. Pris de panique lorsqu'ils tombent nez-à-nez avec une voiture de police, ils foncent à toute allure et en s'engageant sur une route barrée, ils parviennent à semer les flics. Revers de la médaille, les voilà embarqués dans une forêt et après avoir noyé le moteur dans un étang, tout le monde se retrouve à pied. Pas de GSM à cette époque (de toutes façons, il n'y aurait pas eu de réseau...), personne n'est au courant, bref, la situation n'est pas brillante, d'autant plus qu'un rugissement se fait entendre et que des empreintes gigantesques sont découvertes sur le sol (Heureusement pour le public, on ne verra jamais cette créature, car si déjà les empreintes sont mal foutues, je n'ose imaginer ce que le monstre aurait donné). La nuit tombe, rien de tel qu'une grotte accueillante pour passer la nuit. En se réveillant pendant la nuit, un des jeunes constate à sa grande stupéfaction l'entrée d'un bar taillé dans la roche qui ne s'y trouvait pas à leur arrivée. Il réveille ses amis et tenaillés par la faim, ils pénètrent dans cette espèce d'auberge tenu par un borgne hideux, dont une des filles avait déjà aperçu la silhouette dans les bois.

Outretombe VHS Verso

Bizarrement, le gars est amical et le repas est vite englouti. En observant autour d'eux, ils remarquent bien vite un trésor exposé à la vue de tous. C'est alors que l'aubergiste leur raconte la légende locale: une crypte a été creusée en dessous d'eux et les courageux capables d'y rester une nuit empocheront le trésor. Après quelques hésitations, inutile de préciser que ces courageux jeunes gens vont tenter leur chance. Commence alors une nuit de cauch... euh plutôt d'ennui total... Quelques cadavres reviennent à la vie, la plupart sont même couards au point de replonger dans leur cercueil, bref, une vraie promenade de santé. D'ailleurs, autant spoiler sévère, ils s'en sortiront tous VIVANTS!!! Hérésie waltdisneyenne !!!! Ca se conclut même dans un éclat de rire lorsqu'ils rencontrent à nouveau le borgne, qui s'arrache une partie du visage pour faire plus zoli, agrippe une faux en carton pâte et proclame fièrement d'une voix gutturale: "Je suis le fils de la Moooooooort!!!!!!!" Même pas le temps de se marrer, qu'il se prend une bête dague à la con dans l'estomac et crève comme une sous-merde... La Mort a du se retourner dans sa tombe avec une progéniture aussi minable!!!


Verdict: 3/10


Jusqu'à la mort (Fino alla morte) - TV - 1987


Carlo et Linda sont un peu stressés. Normal, me direz-vous, ils sont en train de rouler dans une camionnette, le cadavre du mari de Linda à l'arrière, à la recherche d'un bon endroit pour l'enterrer. La touche finale: Linda est enceinte, non de son amant Carlo mais bien du défunt mari, empoisonné comme un malpropre. Un dernier souffle de vie surviendra dans sa tombe, lorsqu'il arrachera une boucle d'oreille à son épouse, à la grande surprise du couple diabolique. Carlo en finit pour de bon et se hâte de remblayer le trou. Cinq ans plus tard, ils ont une nouvelle vie dans une ville côtière, Linda tient un restaurant-hôtel et Carlo s'occupe des bateaux. Tout irait pour le mieux si le gosse ne faisait pas des cauchemars toutes les nuits. Et c'est justement après un de ces cauchemars que survient un inconnu pendant la nuit, qui parvient facilement à se faire engager malgré les réticences de Carlo. Mais visiblement, cet inconnu en sait beaucoup plus qu'il ne le laisse paraître et lorsque ce dernier tend à Linda la fameuse boucle d'oreille sans dire un mot, le couple s'empresse de retourner déterrer le cadavre. La douce réalité n'est pas loin de se briser en mille morceaux...


Lamberto Bava signe ici un téléfilm emballé à la va-vite, produit par ses soins pour Reteitalia: 4 téléfilms en tout dont le Outretombe précédemment cité, pour la série Brividio Giallo. Il tente vaille que vaille pour celui-ci d'installer une ambiance lourde, mais celle-ci est rarement atteinte, faute à une mise-en-scène d'une fadeur sans nom. Pas aidé non plus par un maquillage approximatif du mari revenant, il se rattrappe tout de même dans la dernière partie et un final sans concession. Si la première moitié du film laisse planer le doute, la seconde est progressivement ancrée dans le fantastique pur et dur, et tout de suite, c'est nettement plus agréable à regarder. Autre point positif, David Brandon, qui interprète Carlo, est assez convaincant en amant ténébreux. Violent, égoïste, paranoïaque, tout y passe et c'est vraiment le personnage le plus intéressant du film. Brandon jouera la même année dans le Bloody Bird de Michele Soavi et retrouvera Bava Jr. dans Delirium.


Verdict: 5/10 Là, je suis un peu généreux... Mais que voulez-vous, je ne vais malheureusement plus assez souvent à la vidéothèque et c'est la première cassette que j'ai inséré dans le magnétoscope... D'où une certaine indulgence...

Delirium (Le Foto di Gioia) - 1987


Delirium - jaquette

Un petit giallo sympathique, qui se passe dans le milieu de l'érotisme et du cinéma (avec une petite visite d'un studio ou l'héroïne tombe sur des Démons du film homonyme). Gloria (Gioia en Italien, voir le titre original) est un ancien mannequin qui a bien réussi et est désormais à la tête de son propre magazine érotique (on parle plutôt de magazine de mode dans le film, mais les séances photos sont remplies de madames dénudées qui se cajolent, c'est plus vraiment de la mode, là! Et c'est tant mieux! ;-) ) . Evidemment, en engageant tous les models qui font vendre, elle s'attire les foudres de venimeuses rivales. Et ce qui devait arriver arriva: le premier meurtre d'une de ses employées sera le début d'une semaine cauchemardesque. D'autant plus que les intentions du tueur ne font aucun doute: en envoyant un cliché du cadavre de la victime avec comme arrière plan un poster de Gloria, le message est on ne peut plus clair. La police s'en mêle mais les photos d'autres victimes ne tarderont pas à être envoyées. Tous les ingrédients du giallo sont ici réunis: des victimes de sexe féminin, un tueur machiavélique, un whodunit efficace (complétement tombé dans le panneau pour ma part) et en bonus un petit hommage au Fenêtre sur cour d'Hitchcock. Alors évidemment, on est quand même assez loin d'un Tenebrae d'Argento, mais je me livre ici à une comparaison d'une honteuse facilité, et ca n'est pas mon genre d'ignorer un film sous prétexte d'une confrontation qui tourne à l'avantage d'un mètre étalon du genre. Car Lamberto ne se débrouille pas trop mal à composer une ambiance tendue, par conséquent je ne me suis pas ennuyé une seule minute. Il faut dire aussi que l'érotisme appuyé du film garde en éveil le mâle primitif que je suis, inutile de faire mon innocent. Le personnage de Gloria est interprétée par la ravissante Serena Grandi, playmate italienne de son état et égérie de Tinto Brass, avec comme avantage physique une opulente poitrine généreusement dévoilée. Et comme si cela ne suffisait pas, Sabrina Salerno fait aussi partie de la fête. Comment ça, les mâles, Sabrina, ca ne vous dit rien???

Sabrina Boys

Je conseille ce petit clip sur Youtube. De l'or, tout simplement! ;-)

Et pour compléter ce casting de charme, Daria Nicolodi, la compagne de Dario Argento et maman d'Asia. Côté masculin... Hé oh, les mecs, on continue de lire jusqu'au bout, non mais!! Je disais donc... Côté masculin, on retrouve Karl Zinny, visiblement pote ou bien cousin éloigné de Lamberto Bava, vu qu'il s'agit de leur troisième collaboration après Dèmoni et Una notte al cimitero cités auparavant. On clôture cette grande famille italienne avec George Eastman (Luigi Montefiori de naissance...), Monsieur Anthropophagous himself (qui cette fois-ci ne se dévore pas les intestins, mauvaises langues...). Tout ce joli petit monde brouille les pistes, et bien malin qui pourra deviner à l'avance qui est le tueur (en même temps, je ne suis pas très habile à ce petit jeu...). Je termine sur un côté original du film, les scènes de meurtres sont tournées en vue subjective. Bon, OK, pour un giallo, c'est classique. Mais ici, le tueur est en pleine délire (d'où le titre à l'étranger) et on retrouve un éclairage similaire à certains films du paternel, où les images sont noyées de rouge ou de bleu. Et le top du délire, le tueur voit ses victimes avec un visage totalement différent. Je m'explique: ayant décidé de se débarasser de Sabrina grâce à des abeilles attirées par une lotion particulière, la vision subjective nous montre une Sabrina avec une gigantesque tête d'abeille... Encore une idée bien barge, mais qui fait tout le charme du cinéma de genre italien...

Le Foto di Gioia

Verdict: 7/10 (OK, ca mérite 6 gros maximum, mais un duo de charme, ca vaut bien un petit point supplémentaire, non?)

Soundwave

jeudi 10 novembre 2011

The Way of the Gun (2000)

1994. Christopher McQuarrie signe un scénario qui fera date dans l'histoire du cinéma (récompensé d'un Oscar en 1996, pour l'anecdote). Le film qui en découlera servira de tremplin fulgurant à son pote Bryan Singer et retournera la tête des critiques et du public; tout le monde l'aura deviné, il s'agit de The Usual Suspects.

The Way of the Gun jaquette

2000. Doté d'un budget de $9.000.000 et d'un solide casting, le premier film de McQuarrie sort sur les écrans. Il rentrera tout juste dans ses frais avec des recettes mondiales avoisinant les $14.000.000. Le budget n'étant même pas récupéré sur le territoire américain, on risque d'attendre longtemps avant de voir le prochain film du pourtant talentueux réalisateur. Evidemment tous ces chiffres ne veulent pas dire grand chose pour nous, je les cite uniquement pour souligner le caractère injuste de la chose. Car le film est une réussite à tous les niveaux. Le point de départ de l'histoire est pourtant d'une simplicité enfantine: deux jeunes loosers, Parker and Longbaugh (les vrais noms de Butch Cassidy et du Sundance Kid), déjà au point mort dans cette grande aventure qu'est la vie, surprennent par hasard une conversation téléphonique comportant des informations qu'il ne vaut mieux pas divulguer lorsque les oreilles ont des murs: une mère porteuse est sur le point d'accoucher et d'empocher la coquette somme d'un million de dollars en échange du bébé. Seule information: le nom du docteur et l'heure de visite. Commence alors un kidnapping de folie, où tout se complique à une vitesse VV prime, étant donné que le futur père adoptif est un très riche industriel qui, comme tout ceux de sa race, trempe encore dans des affaires pas nettes.

The Way of the Gun Benicio & Ryan

On vous avait prévenus! Ici, les flingues sont rois!!

Sobre et élégante à la fois, la mise en scène ne s'écarte jamais du sujet et malgré les nombreux retournements de situations, tout est limpide comme du cristal. Les scènes de gunfight ont droit au même traitement, après tout, le film ne s'appelle pas pour rien The Way of the Gun! Là encore, on peut quasiment suivre la trajectoire des balles, grâce aux cadrages minutieux et un montage redoutable d'efficacité. A ce titre, la scène de sniper est un pur joyau, les amateurs de FPS en réseau apprécieront! ("Rhooo, non, qui c'est qui m'a encore snipé?? ;-) ). De bonnes idées parsèment le film, comme une poursuite en voiture réaliste, où les 2 kidnappeurs tentent d'échapper aux gardes du corps de la fille. Ici, on ne contente pas de foncer à travers tout, les adversaires se jaugent, ralentissent dans des rues à sens unique tout en gardant leur distance, rusent en laissant la voiture vide juste après un tournant pour mieux surgir des ruelles perpendiculaires en canardant tout ce qui bouge, tout en remontant dans le véhicule. La moindre erreur peut être fatale et tout est bon pour semer les poursuivants. Et on retrouve de tels passages rafraîchissants tout au long du film avec le même plaisir. Plaisir vicieux lorsqu'un des comparses se jette au-dessus d'une fontaine à sec pour se mettre à couvert. Dans les films Hollywoodiens, ca marche toujours, on est alors très surpris d'entendre un hurlement de douleur, provoqué par des tessons de bouteilles, ces dernières étant probablement laissées là par les poivrots locaux...

Si on jette un oeil du côté du casting, on remarque d'emblée que McQuarrie a repris le génial Benicio Del Toro, déjà fortement remarqué malgré un rôle beaucoup trop court dans Usual Suspects. Comme à son habitude, sa participation au film est totale (l'idée que Fenster parle aussi vite était évidemment de lui) et il apporte ici de judicieux conseils, comme cette poursuite en voiture particulière, qu'il avait vu lors d'une émission télévisée sur les arrestations policières (ca a servi au moins à quelque chose...) ou encore faire moins parler son personnage (Sacré Benicio! A l'instar de Clint Eastwood, il a bien compris qu'un personnage ne se crée pas qu'avec des paroles...).

The Way of the Gun Benicio

Hé oui, déjà sous le charme "Oh mon dieu, il m'offre une cloppe!!!"

Pour l'anecdote, j'étais persuadé que dans la scène où il giffle le popotin d'une des prostituées qui sortent de la salle en courant était totalement improvisée et j'imaginais fort bien la figurante revenir en beuglant dessus dès le "Cut!" du réalisateur mais non. Enfin, si, c'était improvisé et la femme outrée l'a traité de tous les noms mais le pauvre Benicio a vite avoué que c'était à la demande express de McQuarrie! Ne me demandez pas lequel des deux hommes détient la vérité ;-) ! Pour accompagner un tel acteur tout au long du film, il fallait prendre quelqu'un aux épaules solides. Et c'est finalement tombé sur Ryan Phillippe. Déroutant au premier abord, ce choix s'avère judicieux tant l'acteur est intense et crédible, à des années lumières de l'image du tombeur de ces dames en chaleur. Il était déjà très bon dans le mal-aimé Lame de Fond (Que lui reproche-t-on à ce film?) mais ici, il crève l'écran.


The Way of the Gun Christopher & Ryan

Ryan Phillippe suit les instructions de Christopher McQuarrie. "Je fais quoi?" "Tu tires!!"

Outre le couple vedette qui fonctionne à merveille, tout en restant fort éloigné du buddy movie, Juliette Lewis et son père Geoffrey sont également de la partie. Le talent de la première n'est plus à démontrer et elle se glisse avec aisance dans la peau de la mère porteuse et doit donc par conséquent se trimballer un faux ventre pendant tout le tournage. Quand au second, vieux pote de Clint (ca veut déjà tout dire...), il sera pour moi à tout jamais Orville Boggs, le comparse de Philo Beddoe dans Ca va cogner! et ce malgré une très riche filmographie (le téléfilm Les Vampires de Salem de Tobe Hooper, La porte du paradis, Bronco Billy, Tango & Cash [trop con, mais hautement jouissif!], etc). En outre, McQuarrie fait un immense cadeau à James Caan, en lui offrant un personnage savoureux de vieux briscard, nettoyeur efficace du riche industriel ("P'tit gars, si tu as en face de toi un vieux schnoque, dans ce métier, ca ne veut dire qu'une seule chose: c'est un survivant!!") mais homme au grand coeur qui s'inquiète pour sa fille enceinte (ce n'est jamais mentionné explicitement mais les regards que ces deux-là se portent sont lourds de signification...)

The Way of the Gun James Caan The Way of the Gun Geoffrey Lewis

James Caan et Geoffrey Lewis. La vieille garde est toujours d'attaque et elle va en remontrer, à ces p'tits jeunes!!

Voici donc un film parfaitement maîtrisé de bout en bout, qui prouve bien qu'il n'est nul besoin d'être un as de la pub pour réussir son premier métrage, "seulement" de bonnes idées, l'amour du genre et de ses acteurs ainsi qu'une solide dose d'énergie!!

A vos caméras! ;-)

Verdict: 8/10


Soundwave